A pied, à vélo, autour de Saint-Pierre
Ile de la Réunion

accueil  >  A pied 

Le circuit de l'eau : le canal St-Etienne, le domaine Larée  (Journées du patrimoine 2004)


En ces journées du patrimoine 2004, le Pays d'art et d'histoire "Les portes du Sud", regroupant les communes de St-Pierre et St-Louis, offrait un programme alléchant de visites, mis en œuvre par Pascal Laude. Après Pierrefonds et son ancienne usine sucrière, la remarquable conférence de Monsieur Enis Rockel, retraçant l'histoire du port de St-Pierre, rendez-vous en ce dimanche matin 19 septembre à 9h pour le "circuit de l'eau".
Devant la mairie de St-Louis, Marcel Tipveau, un neveu du regretté Bibique, accueille les participants. Un groupe de mal-entendants est présent, accompagné par une guide spécialisée. C'est dans un minibus Moolant flambant neuf, climatisé à vous geler sur place, sans doute habitué à véhiculer les touristes, que vont s'effectuer les déplacements. Ayant tardé à réserver, une famille va suivre en auto.
La prise d'eau du Grand Canal
Direction Pierrefonds, puis la route de Bois d'Olives, pour s'arrêter en terrain connu, la zone de pique-nique située en aval du pont métallique sur le Bras de la Plaine. C'est là que se situe la prise d'eau du canal St-Etienne, appelé aussi le "Grand Canal". Marcel nous conduit le groupe d'abord sous les arbres à l'extrémité actuelle encore en eau du canal, à la vanne qui renvoie l'eau du canal vers le Bras de la Plaine. Ensuite, plus rien : un (petit) tas de terre bloque le passage, au delà, la sécheresse, et un peu plus loin, des pneus empilés...
Les visiteurs admirent l'arche, les pierres de taille et écoutent avec attention l'œuvre de ces trois propriétaires, Frappier de Montbenoit, Motais de Narbonne et Hoarau Desruisseaux, qui eurent l'idée, vers 1820, de construire un canal de 17 km pour irriguer leurs terres et alimenter leurs usines. Ce canal a été à l'origine de la prospérité de St-Pierre, et Marcel nous lit quatre témoignages de visiteurs, avant et après la réalisation. Peu après 1800, Bory de St-Vincent, et un autre, certes moins illustre, sont unanimes, ils indiquent tous deux que St-Pierre est quasiment désertique. Ensuite, le contraste est frappant, même si la prose employée voudrait  faire croire que la ville est devenue un Eden.  Deux autres visiteurs remarquent les nombreux canaux le long des rues qui apportent jusqu'au centre ville de St-Pierre une eau claire où prospère la végétation... L'eau va être utilisée pour les besoins domestiques, l'alimentation de la population, les fontaines publiques, le lavoir (encore en service, à Casabona) mais aussi pour l'irrigation des champs, pour faire tourner et refroidir les moulins des usines, elle va même produire de l'électricité en faisant tourner la dynamo de la centrale de St-Pierre. Et tout cela presque gratuitement !
Cela aurait pu durer ... mais vers 1981, le canal est définitivement désaffecté : certaines mauvaises langues auraient prétendu avoir assisté alors à un sabotage organisé du canal, afin d'obliger les consommateurs à utiliser l'eau -payante- distribuées par la SABRAP ...
La construction du Grand Canal va mobiliser les énergies pendant quelques années : cinq vannes principales, 93 prises d'eau encore en service en 1959, cinq aqueducs sont construits pour franchir les ravines.... Il sera ensuite prolongé jusqu'à Grands-Bois, avec la construction d'un siphon pour traverser la rivière d'Abord.
Vers le pont métallique, la prise d'eau,  n'est plus très visible, après la construction de la digue, suite à la destruction accidentelle d'une partie du tablier du pont au passage d'un camion... 
Marcel Tipveau montre l'ancienne canalisation des Aloès, placée à flanc de rempart, de l'autre côté, sur la rive droite, qui alimentait la ville de St-Louis.
Retour au minibus pour s'arrêter à l'intersection de la route qui monte vers Bois d'Olives. Au passage, un coup d'oeil à la falaise de tuf, curieusement érodée, et aux trois cheminées dont la plus petite a encore subi des prélèvements de pierres à sa base récemment...
Sur les traces du canal, vers La Vallée...
Arrêt au carrefour : à droite dans les herbes sèches, le canal est là, désespérément vide. Il suit un remblais, sans doute témoin d'une ancienne berge de la rivière. En file indienne, la rive est suivie. Il a toujours une belle largeur à cet endroit, au moins deux mètres, mais ce ne sont plus des pierres de taille qui le bordent. Les galets sont maçonnés, dont certains sont tombés, la végétation gagne du terrain, les faux poivriers surtout ! A droite, les maisons du bord de la route font maintenant place à de petites parcelles cultivées, en contrebas : des touffes de thym, des rangées d'oignons verts ... Voici de nouveau des pierres de taille, une vanne : à droite, en biais, part la dérivation vers Pierrefonds, surélevée, encore intacte sur une vingtaine de mètres. La végétation devient parfois plus dense, avec une superbe liane de "rose de bois". Et brutalement, voici un carreau de rangées d'oignons verts, plantés jusqu'à l'extrême bord du canal, laissant qu'une bande d'une vingtaine de centimètres de largeur pour passer... ça, c'est de l'occupation de l'espace ! Au bout, un ponceau, voici dans le chemin de la Savane, où le minibus attend. Le canal continue, lui, il fait une large boucle pour revenir au bout du chemin Balzamine, suivre le foyer Albert Barbot (ou plutôt l'inverse !), traverser la ravine des Cabris sous la passerelle, irriguer le domaine de La Vallée, traverser le chemin Badamier, alimenter Mon Repos, Frédeline, Basse-Terre, les Casernes... Heureusement que les cheminées ont échappé aux vicissitudes du temps ! Il aurait été agréable de poursuivre la promenade jusqu'au chemin Badamier ...
Vers le bassin de Fiagues
Vers la ligne Paradis, à droite apparaît le collège de Bois d'Olives, puis c'est la redescente vers Pierrefonds, puis St-Louis. La quatre-voies passe devant les deux usines du Gol (la centrale électrique bagasse/charbon et l'usine sucrière). Dans le radier de la ravine du Gol, voici l'aqueduc qui supporte le canal Chabrier, qui apportait l'eau à l'usine. Plateau Goyaves, et enfin le chemin de Bellecombe, d'où les visiteurs vont découvrir, après une petite marche entre les cannes puis dans un sous-bois, un immense bassin, long d'une vingtaine de mètres,  
profond de plus de sept mètres, alimenté par une source, et bordé de vieux moufias, dont les palmes sèches s'entrecroisent. De nombreux poissons peuplent ce bassin, contribuant ainsi sans doute à freiner la prolifération des moustiques.  Ce bassin va alimenter tout le secteur de Fiagues, en aval.

Maison Larée, à St-Louis

<<<           La Maison Larée, à St-Louis
Le domaine Larée
Il est 11h, arrivée au "domaine Larée", situé en amont de Plateau des Goyaves, au niveau du chemin La Ouette. Tout d'abord, un peu d'orthographe : la carte IGN indique "Larrey", un journal relatait dernièrement un incendie de canne à "L'arrêt" ... mais il s'agit bien de "Larée", du nom du docteur Auguste Larée, qui achète en 1867 un domaine de 250 hectares aux consorts Hyacinthe et Jules Murat. Une note historique détaillée est d'ailleurs remise en fin de visite. La maison à colonnades se dresse, surélevée, au bout d'une allée plantée de palmiers multipliants. Deux grands bassins rectangulaires avec des jets d'eau bordent d'abord l'allée de chaque côté. Ensuite, de grands arbres dénudés, chargés d'évis, accompagnent dans la progression vers quelques marches. Sur le côté, des tuyaux sont posés. Marcel Tipveau explique : d'abord des tuyaux en terre cuite, très courts, ont été utilisés pour l'irrigation, puis des tuyaux plus longs, enrobés de bitume, pour éviter la rouille, ensuite, des tuyaux avec des crochets, et enfin, des tuyaux d'acier, boulonnés.
Des panneaux ont été disposés de part et d'autre: ils ont été réalisés par le service "Les portes du Sud" et expliquent les étapes du peuplement du "Quartier St-Etienne". Monsieur Michel-Charles Hoarau attend en haut des marches et souhaite la bienvenue, il indique que le domaine a successivement appartenu aux Murat, aux Larée, puis à une société mauricienne. Celle-ci étant en cessation de paiement, le domaine est saisi par le banquier Dolfus. L'usine de Fiague est alors rachetée par André Le Coat de Kervéguen, et le domaine Larée par Jules Elysée Bénard, en 1905. Depuis un siècle, le domaine est ainsi resté dans la famille.
La maison elle-même a été récemment réhabilitée. La charpente, en bois de fer, est bien conservée. Le plan est traditionnel : la varangue est encadrée par deux petites pièces, la ventilation naturelle se fait par un long couloir qui aboutit à une grande salle à l'arrière. Ce couloir distribue deux pièces de chaque côté dont les portes sont à claire-voie. A l'arrière, le jardin continue, avec de nouveau une pièce d'eau. Le mobilier d'origine a malheureusement été dispersé au fil des successions, mais M. Hoarau a pu retrouver quelques meubles de style. Il a également conservé la dynamo qui produisait l'électricité.
Il est plus de midi, il est temps de regagner le minibus pour rejoindre la mairie de St-Louis. A 14h, Marcel Tipveau recevra de nouveaux visiteurs sur le circuit ...

A pied page précédente       A vélo        Découvrir Saint-Pierre        Au volcan        A pied page suivante

photos a. m.
Le site n'a aucune vocation scientifique, mais le signalement des erreurs, approximations ou omissions serait vivement apprécié ...

Vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données qui vous concernent 
(art. 34 de la loi "Informatique et Libertés" du 06/01/1978). Pour exercer ce droit, adressez-vous au webmaster
Ce site n'a pas à être déclaré à la CNIL (dispense n°6  - délibération n°2005-284 du 22 novembre 2005)

Maquettes, textes et photos, tous droits réservés 
photos a. m.
 
Free counter and web stats